Les jeunes du centre socio-culturel Louis Braille se sont penchés, lors d’un atelier d’éducation aux médias, sur le cyberharcèlement et sur leur rapport aux réseaux sociaux.
Dans le cadre de l’atelier d’éducation aux médias du Lyon Bondy Blog du 22, 23 et 24 février, les jeunes du centre socio-culturel Louis Braille de Saint-Priest ont travaillé sur le cyberharcèlement. L’occasion pour eux de découvrir des chiffres ou même des numéros d’appels, afin de réaliser in fine leur propre émission radio. Ces nouveaux journalistes, âgés de 12 à 16 ans, l’ont appelé « La radio Louis Braille, la radio qui donne le smile ».
22 % des personnes entre 18 et 24 ans subissent du cyberharcèlement
Tout d’abord, il était important de définir avec les jeunes le terme de « cyberharcèlement » avant d’aller plus loin. Ils expliquent avec leurs mots qu’il s’agit de harcèlement sur les réseaux sociaux ou sur internet, fait par une personne ou un groupe de personnes. Menaces, intimidations, moqueries, usurpation d’identité, il prend plusieurs formes.
Certains chiffres ressortent sur le sujet : 40 % des moins de 50 ans avouent avoir déjà été cyberharcelés au moins une fois dans leur vie, quand 22 % vivent du cyberharcèlement entre 18 et 24 ans. Pour les plus jeunes, 14 % ont vécu du cyberharcèlement en primaire, 21 % au collège et 25 % au lycée. Des résultats alarmants, qui ne manquent pas de les faire réagir. Ryan revient alors sur les conseils pour éviter d’être cyberharcelé : « Premièrement, réfléchir avant d’envoyer un message ou de publier une photo de soi ou de ses amis. Ensuite, garder sa vie privée, privée et choisir ses amis sur les réseaux sociaux », dit-il. Il précise également qu’il est primordial de « ne jamais partager ses mots de passe » et que « parler de harcèlement, c’est commencer à agir ». Il existe d’ailleurs des numéros pour en parler comme le 3018 et 3020.
Si ces actions leur paraissent naturelles, les condamnations, elles, sont moins connues du grand public. Un jeune de plus de 13 ans risque une peine maximale de 12 mois de prison et 7 500 € d’amende si la victime a plus de 15 ans. Au-dessus, il risque 18 mois de prison et 7 500 € d’amende.
Des réseaux sociaux qui modifient le rapport au corps (Instagram, Snapchat, Tik Tok)
Les jeunes ont discuté ensuite de leur rapport aux réseaux sociaux ; ce qui peut en faire un lieu de défoulement de haine et ce qui au contraire peut en faire un endroit sûr et sain. On a choisi de se pencher sur Instagram, Snapchat et Tik Tok, des réseaux qui leur parlent. Si on voit des dangers communs sur des réseaux sociaux publics comme Insta et Tik Tok, sur Snap, il suffit de « bien choisir ses contacts » selon les enfants. « Personnellement j’accepte que les personnes que je connais, explique Sofiane. Cela permet aux parents de vérifier. » Et sinon, il précise qu’il faut bloquer la personne ou la supprimer.
Pour Instagram, il est possible de mettre son compte en privé, car le risque c’est « de laisser trop de place aux gens pour dire ce qu’ils pensent », précisent les enfants. Si ça va plus loin, ils ont conscience qu’il est nécessaire de porter plainte. Sarah, elle, publie des vidéos sur Tik Tok et a déjà reçu des commentaires plutôt critiques : « Tu fais trop la belle ». Elle « s’en fout » mais a le réflexe de montrer à ses parents quand elle voit trop de haine en ligne. On remarque que les parents surveillent l’utilisation des réseaux sociaux : « Ma mère prend le téléphone pour regarder l’historique », confie Mohamed-Yacine. « Ma mère me demande ce que je fais sur Tik Tok », lance aussi Raïma.
Un autre sujet a été discuté : les filtres et les modifications sur les photos. Un des problèmes des réseaux sociaux c’est la critique sur l’apparence, ce qui incite donc les utilisateurs à paraître toujours « plus beaux ». C’est le cas des influenceurs que les jeunes suivent. S’ils leur arrivent de recevoir des vagues de haine, les jeunes n’hésitent pas à bloquer ou signaler les commentaires haineux. Mais pour certains qui sont bannis des réseaux à cause de signalement, « il suffit de refaire un compte pour revenir », finit par dire les jeunes. Plus des personnalités dites publiques ont de visibilité, plus ils sont sujets à des critiques virulentes.
Alors même si ces espaces de « libre parole » peuvent être utilisés à mauvais escient, il faut rappeler que le cyberharcèlement n’est pas systématique et évidemment illégal.